PAIEMENT MOBILE :
L’EUROPE CONFRONTEE A L’AMERIQUE
J’avais le plaisir d’ouvrir la séance en présentant une synthèse des tendances actuelles du paiement mobile en Europe et plus largement, sur les enjeux du digital proximity dans les parcours clients mobiles. Ce déplacement était aussi l’occasion de rencontres individuelles avec des fonds d’investissements, sociétés de conseil en stratégie et éditeurs de solutions de la Silicon Valley intéressés par le marché européen du paiement mobile.
Voici ce que nous pouvons retenir de nos discussions sur les tendances du paiement mobile comparées entre les Etats-Unis et l’Europe :
Côté émission, l’accord entre PayPal et le réseau Discover est un exemple de ce qu’il est impossible de faire dans le cadre réglementaire européen…
Idem pour Square, une solution d’acquisition mobile – mPOS – permettant à tout individu d’encaisser des paiements par carte bancaire, pour un investissement quasi-nul et un taux de commission fixe (2,7%). Aux Etats-Unis, la convergence des moyens de paiement à distance et de proximité (carte présente) avance à marche forcée.
Les incertitudes sur la sécurité des moyens de paiement et la fraude ne semblent pas rebuter les acteurs : l’accent est mis sur l’usage simple, pratique et universel des solutions sur mobile. L’Europe reste protégée par une réglementation stricte des moyens de paiement EMV (carte présente), mais pour combien de temps ?
A moins que des crash retentissants sur la sécurité ne donnent raison à l’Europe…
Gift cards, vouchers, coupons dématérialisés… Les annonces se succèdent avec Groupon, Square, Apple PassBook… D’ailleurs, Discover (encore eux) vient d’annoncer un accord avec Apple pour permettre l’usage du wallet Passbook dans les commerces de proximité.
Ces solutions sont basées sur l’usage de QR Code, affichés à l’écran du mobile, et lisibles par la douchette ou la webcam du commerçant. Sur ce sujet, la France n’est pas en reste : Meyclub (de ProWeb Ce) permet d’émettre et d’utiliser des vouchers en toute sécurité sur les systèmes de caisse existants (une solution clés en main proposée par 4G Secure).
Flashiz annonce 100.000 commerçants capables d’inclure un code 2D à flasher sur leur ticket de caisse et de payer ainsi en toute sécurité. Et bien sûr, Auchan a réveillé le marché en annonçant Flash’N Pay, un wallet ouvert à tous les acteurs du commerce, centré sur le marketing client et le paiement de proximité.
C’est un euphémisme d’écrire que les américains ne sont pas convaincus par le paiement mobile NFC. Le développement de Google Wallet est à la peine, et contré par l’annonce de MCX, une solution de wallet NFC soutenue par plusieurs enseignes du commerce. Quand à Isis, porté par plusieurs opérateurs mobiles, il semble que les premières expérimentations rencontrent encore des difficultés techniques.
Enfin, les banques ne se pressent pas pour émettre des cartes sans contact, ni les commerçants pour activer leur terminaux de paiement en mode NFC. Même si la plupart des Smartphones, aux Etats-Unis comme en Europe, deviennent NFC, l’absence de cette technologie dans l’iPhone 5 a refroidi les ardeurs. Il reste quand même que les américains rencontrés étaient convaincus de l’intérêt du NFC pour le « service discovery », le « check-in » ou encore « l’appareillage » en peer-2-peer – mais sur le paiement NFC de proximité, ils ne semblent pas encore prêts. La situation en Europe est très différente. Les banques émettent massivement des cartes sans contact, et les grandes enseignes commencent à activer leurs terminaux de paiement en sans contact. Les opérateurs mobiles sont prêts aussi, avec des standards ouverts et communs, et des cartes SIM compatibles. Le paiement mobile sécurisé EMV, standardisé par l’AEPM, est désormais validé par MasterCard, Visa et le Groupement des Cartes Bancaires. Il permet d’exploiter les infrastructures EMV déployées en Europe sans modification fondamentale des architectures « card present ». C’est un atout important qui devrait jouer en faveur du NFC en Europe, à condition toutefois de réussir à séduire les clients.
authentification en cloud computing, et les solutions de paiement de proximité, online/offline de type EMV, devraient coexister – voire converger ? Mais n’oublions pas que les coûts fixes et transactionnels influenceront les succès, et qu’ils sont tributaires de la sécurité effective des systèmes de paiement proposés.
en shop-2-web, et de personne à personne (y compris par les réseaux sociaux) contribueront à la massification de l’offre et des usages.
Tout cela est fort intéressant mais, en ce qui vous concerne, qu’avez-vous prévu pour vous positionner tactiquement dans l’écosystème du digital proximity auprès de vos clients, en 2013 ? François Lecomte-Vagniez Remerciements : Je tiens à remercier l’ARD Paris-IDF d’avoir organisé ce déplacement. L’objectif est d’une part, d’attirer des sociétés américaines innovantes en Ile-de-France pour créer des emplois qualifiés, en soulignant l’attractivité de la France pour investir dans les services et la R&D, mais aussi de mettre en avant les talents des entreprises franciliennes afin de faciliter leur implantation outre-Atlantique. Je remercie également Daniel Chatelain, un français installé aux Etat-Unis, qui a réussi à travers le BayPay Forum à mobiliser plus de 2.300 sociétés intéressées par les moyens de paiement et 5.000 décideurs du monde entier à partager sur ces sujets. Enfin, je remercie Frédéric Tardy, President et CEO de l’Atelier BNP Paribas USA pour son accueil sympathique, et ses analyses remarquables sur de nombreux sujets d’innovation, très largement partagées dans l’écosystème via la fameuse Lettre de l’Atelier.